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Livre : "Palestine : un féminisme de libération" de Nada Elia

Partisan Magazine N°24 - Décembre 2024

Ed. du remue-ménage 2024, 128 pages, 12,00 €

Née en Irak puis élevée au Liban, l’autrice est enseignante à Washington, militante féministe et pro-palestinienne. Ce tout petit livre publié au Canada, de format 10x13 et 100 pages de texte, a une grande ambition, « préparer les fondations » : « Abolir un système oppressif sans avoir suffisamment préparé les fondations permettant à la nouvelle société libérée de se développer ne peut que mener à l’échec, comme nous pouvons le constater dans de nombreux pays postcoloniaux et postrévolutionnaires » (p. 14).

Le premier constat est celui-ci : « Je souhaite d’abord brosser un aperçu des défis auxquels nous, activistes palestien.nes de la diaspora et nos allié.es, avons fait face quand nous nous sommes engagé.es avec d’autres féministes et « progressistes » du Nord global » (p. 43). « Le féminisme du Nord global a été dominé par des femmes de classe moyenne d’ascendance européenne » (p. 58). Elle rejette donc les « féministes racistes et colonialistes », le féminisme « impérialiste », exemple Hillary Clinton, et résume le tout par « faux féminisme ». La domination de militants de classe moyenne et du faux communisme dans nos organisations est un premier constat que nous pouvons totalement partagé !

L’autrice défend le droit à la lutte armée, tout en déplorant que derrière le mot résistance, on ne voit que des armes, et des hommes. Alors que la résistance est un tout beaucoup plus large, ce que les femmes vivent quotidiennement. « Notre simple existence est notre résistance » (p. 22). Elle penche au fond du côté de la non-violence, mais remet ainsi au premier rang le projet politique.
Elle remet par ailleurs de l’ordre dans l’articulation entre ennemi extérieur et ennemi intérieur, à savoir sionisme et patriarcat. Le plus grand oppresseur pour les femmes palestiniennes n’est pas le Hamas, ce qui ne veut pas dire que le Hamas ne soit pas un oppresseur en second. Elle démolit les biais inconscients hérités des passés coloniaux, la propagande pro-sioniste diluée, et conclut : « Notre objectif est donc à la fois la libération nationale et la transformation sociale et politique » (p. 86).

Finalement, mis à part une tendance à minorer la légitime défense (« Personne ne va libérer la Palestine à coup d’attentats-suicides à la bombe »), elle confirme les positions politiques de VP.