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Gaza : les effets dévastateurs du blocus.

Partisan N°232 - Novembre 2009

Depuis juin 2007, le Hamas s’est emparé du pouvoir dans la Bande de Gaza après en avoir chassé l’Autorité palestinienne. Depuis cette date, déclarée « entité hostile » par l’Etat d’Israël, elle subit un blocus catastrophique pour les civils.

Un territoire enclavé.

La Bande de Gaza est un territoire exigu et surpeuplé : 360 km2 (Jura, 5000 km2), plus de 1,5 million d’habitants et une densité de plus de 4000 habitants au km2. C’est un espace plein.

Et c’est un espace verrouillé, l’un des territoires les plus fermés du monde. Cette étroite bande côtière est encerclée. Du côté terrestre, les israéliens ont édifié une clôture électrifiée infranchissable, surveillée par des caméras et parcourue par des patrouilles. Les points de passages sont d’étroites portes gardées comme celles des prisons de haute sécurité : Erez, tenu par Israël, Rafah par les égyptiens. Du coté maritime, les pêcheurs qui sortent du port de Gaza essuient les tirs des patrouilleurs israéliens dès qu’ils s’éloignent du rivage.

Un territoire soumis au blocus israélien.

La population est soumise à un blocus tatillon. Les exportations sont interdites, les importations sont limitées aux produits nécessaires à la survie : produits alimentaires de base, certains carburants, des produits médicaux. L’importation de produit de construction comme le ciment est interdite. Le ministère israélien de la défense dit craindre que certaines technologies médicales ne soient utilisées « à des fins malveillantes », donc il les interdit.
Pour les produits alimentaires, les procédures de contrôle aux frontières sont si longues que les produits sont périmés avant d’entrer sur le territoire. Les entrepôts d’Israël retiennent 1700 containers commerciaux, perte estimée à 10 millions de dollars d’après le rapport des Nations Unies d’août 2009. De plus, tout voyage depuis ou vers Gaza est interdit.

Une crise humanitaire majeure.

Les conditions de vie à Gaza se sont dramatiquement dégradées. La Cnuced estime que la situation actuelle est la pire que la Bande de Gaza ait connu depuis 1967. La sécurité alimentaire de la population y est menacée en raison de la rareté des produits, de la hausse des prix et de la destruction des zones agricoles par la dernière intervention militaire israélienne. L’OMS attribue l’état catastrophique du système de santé au blocus : manque de médicaments de base (le gel Prostin pour le travail d’accouchement, par exemple), équipements médicaux privés de maintenance, isolement des professionnels dont les connaissances ne sont plus mises à jour en raison de la fermeture des frontières. Le manque de fuel ne permet pas une production normale d’électricité : Gaza n’est alimentée que quelques heures par jour, la nuit elle devient une grande tache noire qui se distingue des lumières d’Israël. Surtout, les entreprises ne peuvent plus travailler, moins de 200 travaillent au ralenti contre 3900 en activité avant le blocus. Au total, 80% de la population se retrouve sous le seuil de pauvreté avec moins de 2 dollars par jour.

« Blocus » ou « sanctions », une politique brutale et inefficace.

Le blocus israélien est une arme politique destinée à affaiblir le Hamas. C’est aussi une punition collective, les gens de Gaza ont élu le Hamas, ils doivent donc payer pour la politique du Hamas. Israël réfute le terme de blocus puisque, selon ses dires, des camions d’aide humanitaire passent. Mark Regev, porte-parole du cabinet du Premier ministre parle de « sanctions ». Mais les « sanctions » doivent être approuvées et imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Il s’agit donc d’une violation de droit international.
Blocus ou « sanctions », la mesure est inefficace. Le Hamas gouverne sans partage son territoire enclavé. Des groupes islamistes extrémistes, des salafistes qui exigent l’application de la Charia, prospèrent sur la pauvreté et le désespoir. Le Hamas emprisonne les militants du Fatah. La guerre civile s’ajoute aux autres maux des Palestiniens. Pourtant, le gouvernement du Hamas a mis fin aux tirs de roquettes visant Israël depuis janvier 2009 sans qu’il y ait le moindre allègement des sanctions.

La communauté internationale est silencieuse, embarrassée par l’intransigeance du Hamas et sa nature islamiste. Il faut rappeler que les Palestiniens ont voté démocratiquement, que la victoire électorale du Hamas est largement due à la politique d’Israël qui parle de paix mais poursuit la colonisation, ce qui rend de fait impossible la construction d’un Etat palestinien viable. L’intransigeance israélienne a déconsidéré le Fatah, contribué à la victoire du Hamas. La population de la bande de Gaza est la victime d’une paralysie politique internationale.

Une lectrice

Comment VP-Partisan soutient la cause palestinienne ?

Une grande confusion règne depuis l’accession au pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza et l’affaiblissement de la gauche palestinienne. Confusion dont tirent parti les sionistes. Ainsi, contrairement à ce que conclut l’article, selon l’analyse politique de VP, les habitants de Gaza ne sont pas seulement « victimes d’une paralysie internationale », mais bien du soutien inconditionnel des forces impérialistes à Israël depuis sa fondation, forces politiques qui trouvent dans la dénonciation du Hamas et du terrorisme des arguments de circonstance.

En tant que militants communistes, nous affirmons notre soutien à la lutte des Palestiniens pour un Etat sur toute la Palestine historique, au droit au retour des réfugiés et la légitimité du recours à la lutte armée, quels que soient les représentants que se sont donnés les Palestiniens.
Cependant, le Hamas n’offre pas une perspective d’avenir progressiste au futur Etat à édifier : la référence religieuse et non la laïcité, l’anti-communisme, une absence de vision de l’émancipation des femmes. Pour cela, nous ne soutenons pas ce parti, mais les forces progressistes palestiniennes quelle que soit leur force actuelle.
Ce n’est pas aux soutiens de la cause palestinienne de dire comment peut se constituer un front autour de l’objectif d’une Palestine laïque et démocratique. Nous savons cependant que cette perspective n’a pas disparu, même si le FPLP a vu nombre de ses militants emprisonnés ou éliminés. Des forces existent, tel le mouvement « Abnaa el Balad », qui unissent militants palestiniens et anti-sionistes en Israël. Ces courants, encore minoritaires, indiquent la ligne à suivre pour une issue politique qui ne sera pas uniquement nationaliste, mais ouvrira aux peuples de cette région un avenir libéré de la domination impérialiste et de l’exploitation.

Le Comité de Rédaction