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Amiens : Et après ? En 2012 ?

Partisan N°244 - Janvier 2011

L’idée des blocages a été lancée par les Goodyear Amiens dès le printemps. Le 23 septembre, ils sont sur le rond-point de la zone industrielle (voir Partisan n° 242). En octobre, le blocage a une autre gueule. « Nous avons remporté notre pari : — c’est le journal Fakir qui parle — la jonction entre la petite-bourgeoisie intellectuelle du centre-ville et les ouvriers de la Zone ». C’est aussi le meeting (voir Partisan n° 243). Le mot de la fin de cette histoire se trouve dans ce n° de décembre du journal Fakir. Intitulé « Ma petite idée », 28 octobre. En voici un gros extrait. Et un petit commentaire.

Malgré les raffineries bloquées, malgré les 70% des sondés contre sa réforme, malgré trois millions de manifestants à répétition, Sarkozy n’a pas plié. Donc, la rue ne suffira pas à le sortir. Il reste les urnes. 2012. Là, il ne faut pas rêver : pour la présidentielle, c’est pas la gauche de la gauche qui va l’emporter. Des sièges de députés, peut-être, s’ils arrivent à s’allier, mais pas l’Elysée. Ca sera pour le candidat socialiste.
Ouais mais quand tu les entends, tu penses franchement qu’ils vont nous rendre la retraite à 60 ans ?
Justement. Tu ne crois pas en eux pour nous abreuver de conquêtes sociales ? Mon non plus. Donc, il faudra leur mettre le couteau sous la gorge.
Tout-à-fait.
Il faudra qu’au lendemain des élections, sur Amiens, on soit capable de bloquer la Zone industrielle, les trains, les facs, par exemple. Que des copains se chargent de la même chose à Marseille, à Reims, à Narbonne...
Ouais, j’y ai réfléchi aussi. Mais tu crois vraiment qu’ils remettront la retraite à 60 ans ?
Et bien plus. Les fruits vont tomber. Même des fruits qu’on n’imagine pas cueillir. En 36, les congés payés, les 40 heures, ça ne figurait dans aucun programme... et un mois plus tard, devant la vague qui s’est levée, même la droite votait pour !
Tu veux refaire le Front populaire ?
Ouais. Je ne vois pas d’autre solution.

Refaire 36, c’est la stratégie de la grève générale. Pourquoi pas 68 ? Parce que les années 1930, c’est la crise économique, les millions de chômeurs, la montée du fascisme, et la « Gauche » au gouvernement. Nous disons donc : victoire du candidat socialiste, grève générale, et « les fruits vont tomber ».
Désolés de refroidir l’ambiance, mais nous avons une question : Et après ? En 1945, soit quelques années plus tard, c’était les 60 heures, les tickets de rationnement, juste après 56 millions de morts, et tout ça ne figurait dans aucun programme. Et pour couronner le tout, même le PC « votait pour »... de Gaulle.
En un mot : si on essayait de temps en temps de dépasser le syndical, et de voir un peu plus loin ? Si, à Amiens comme à Marseille, Reims et Narbonne, on se souvenait qu’en 1944, c’était aussi l’insurrection, et qu’on décide, en démarrant petit, mais tout de suite, de s’organiser politiquement ?

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