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Goodyear Amiens : le 23 septembre...

Partisan N°242 - Novembre 2010

Les travailleurs de Goodyear ont fait une véritable enquête de masse lors de la journée du 23 septembre dernier. Voici leurs réflexions à chaud.
« Hier à 4.00 heures, il y avait vraiment beaucoup de Goodyear au rond-point de l’oncle SAM. Entre 450 et 550 salariés de notre usine ont répondu présents à notre demande. Sur un mouvement national nous n’avions jamais vu autant de Goodyear, preuve que pour un grand nombre la détermination est intacte. Il en manquait, il est vrai, beaucoup, mais nous préférons regarder le chiffre des présents.

Nous avons réussi de toute façon à bloquer TOTALEMENT la zone, pas un seul camion, une seule navette, ne sont entrés ou sortis de la zone, les parkings des sites de production étaient totalement vides ! Hier, les entreprises de la zone ont perdu du fric,
c’est en cela que notre action gêne le plus. Les confédérations doivent appeler à des blocages de zones et poumons financiers, sans cela le gouvernement ne reculera jamais !
Rien n’est fait, ni pour notre site et encore moins pour la société toute entière, le gouvernement maintient sa position. Et le MEDEF lui ne cesse de demander encore plus d’assouplissement des règles. Ce que nous avons fait hier sur la zone industrielle d’Amiens est possible partout, si au même moment toutes les zones industrielles sont bloquées, c’est toute l’économie qui est bloquée, et là le discours de ce gouvernement extrémiste changerait immédiatement !
Hier, nous avons vu passer des centaines de salariés à pied, têtes baissées, ayant laissé leurs véhicules à plusieurs kilomètres. La société française va mal, en partie à cause de ceux qui acceptent le fatalisme et qui sont prêts à bosser pour une misère, ce triste bilan que nous avons vu hier nous laisse penser que malheureusement l’explosion sociale en France n’est pas pour demain, par contre il y aura une radicalisation dans certains secteurs, cela est inévitable ! »

Oui il y a une grande colère contre le gouvernement, des délégués dans d’autres entreprises nous disent la même chose. Ils observent que la base vient aux journées de grève, et sauf une petite minorité, n’est pas prête à plus. Souvent ils veulent une direction syndicale ferme et unitaire pour aller plus loin. C’est juste, mais cela n’est pas exempt d’illusions.
Peut-on se contenter d’appeler à la grève générale si c’est pour mettre le mouvement sous la direction des confédérations syndicales ? LO, le NPA, le PCOF n’osent pas dénoncer ces directions comme des ennemis, soit par calcul politique, soit par peur d’être à contre-courant.
On ne peut se contenter de flatter l’anarcho-syndicalisme dominant, il faut donner des perspectives. Quelle société voulons-nous, quel travail, quelle vie ? Veut-on la grève générale avec comme fatal espoir de remettre le PS au pouvoir, qui ne remettra pas en cause le nombre d’annuités pour toucher une retraite entière ? Il faut repousser cette loi, mais il faut par un même mouvement combattre les illusions sur des directions syndicales « qui se trompent » et sur le retour du PS au pouvoir qui « serait moins pire ». Il faut aussi avancer la construction d’une autre société et d’un autre parti, réellement communistes.
Bloquer tout, d’accord, mais pour mettre qui au pouvoir ?

Valentin

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