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La juste rébellion du peuple syrien

Article de Rote Fahne, mars 2012, traduit par nos soins.

La lutte pour le renversement du régime réactionnaire d’Assad est légitime ; elle fait partie de l’effervescence révolutionnaire transfrontalière de l’espace méditerranéen et du combat général sur le plan mondial pour la démocratie et la liberté. A juste titre des lectrices et lecteurs de Rote Fahne ont critiqué le fait que le journal n’ait pas pris position depuis longtemps sur ce foyer de lutte international, mais qu’il ait au contraire reculé devant une situation complexe à s’exprimer clairement. Avant tout il s’agissait aussi d’une adaptation à des courants révisionnistes ou néo révisionnistes qui trouvaient des aspects progressistes à Assad. Sur la base de cette situation complexe il est pourtant d’autant plus important que Rote Fahne donne des éléments d’orientation – nous voulons avec cet article ouvrir la discussion !

 

Le point de départ concret des manifestations de masses et de leur répression violente fut l’incarcération et la torture d’enfants de la ville de Syrie méridionale Daraa en mars 2011. Le 15 mars ils avaient repris et peint sur les murs le slogan utilisé en Tunisie et en Egypte : « Le peuple veut la chute du régime ». A la suite de cela, depuis mars 2011, des dizaines des milliers, puis des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue au péril de leur vie contre la dictature de Bashar al-Assad sans se laisser intimider. Sous la pression des masses, le premier ministre Utri et son gouvernement ont démissionné. L’état d’urgence qui durait depuis 1963 a du être levé formellement en avril 2011. Mais la brutalité du régime à l’égard des masses a encore monté d’un cran. Ce qui a provoqué un nouveau degré de résistance.

Une situation complexe.

Les manifestations massives du peuple syrien ont rassemblé toutes les nationalités, groupes religieux et régions du pays. En plus de la violence ouverte, le régime d’Assad a pratiqué une politique de division ethnique et religieuse à laquelle on opposait le mot d’ordre : « Il n’y a ni Kurde, ni Arabe, les Syriens sont un seul peuple. » Sur le plan local ou régional, des forces d’opposition se sont développées qui en partie se sont organisées localement en comités populaires. Ceux-ci se sont pour partie unis dans le « comité de coordination national pour le changement démocratique »(NCC) fondé en Syrie en septembre 2011 qui s’est prononcé contre une intervention militaire des impérialistes occidentaux.
En opposition à cela, en octobre 2011 à Istanbul, un conseil national syrien (CNS) a été constitué, dirigé par des forces instrumentalisées directement par les impérialistes occidentaux et auquel appartient aussi l’organisation réactionnaire des frères musulmans. Ceux-ci ont un joué un rôle en Lybie lors de la mise en place du gouvernement fantoche ; ils ont été massivement soutenus en Tunisie au moment des élections par les impérialistes occidentaux et y ont formé le gouvernement comme en Egypte ils portent avec d’autres la responsabilité de la défaite et de l’oppression des ouvriers et des larges masses. Le CNS demande une intervention de l’OTAN et de l’Union Européenne. C’est aussi le cas pour les dirigeants de ce qu’on appelle « L’armée syrienne libre » (ASL), constituée avant tout de déserteurs de l’armée syrienne, qui collaborent de plus en plus avec le CNS et les impérialismes occidentaux. Ces derniers et leurs alliés dans la région, en particulier les régimes réactionnaires de Turquie et d’Arabie Saoudite, sont actifs en Syrie avec leurs services secrets et des unités spéciales pour préparer une intervention militaire. La Turquie a rapproché des unités de combats de la frontière syrienne ; des drones US survolent le territoire syrien.
Du fait de l’état d’urgence qui dure depuis des dizaines d’années et de la persécution de toute opposition, l’organisation de la lutte pour la libération nationale et sociale n’est possible que dans la clandestinité la plus totale. Cela rend aussi la construction du parti marxiste-léniniste très difficile. Et tout cela fait que le combat pour la démocratie et la liberté en Syrie est extrêmement complexe.

Crimes et hypocrisie des impérialistes.

Il n’est pas juste d’accorder au régime d’Assad des traits progressistes ni d’estimer que l’adoption de la nouvelle constitution « représente un pas en avant considérable par rapport au système précédent…en direction de plus de démocratie. (Georg Polikeit, DKP) Quand les impérialistes occidentaux en colère montrent Assad du doigt et font semblant de manifester de la solidarité avec les masses en Syrie, ils cachent leur contribution au renforcement du régime corrompu. Quand, après l’effondrement du social-impérialisme soviétique, le pouvoir du régime d’Assad fut aussi secoué et qu’en 1990/91 celui-ci soutint ouvertement la guerre contre l’Irak dirigée par l’impérialisme US, Assad fut déclaré peu à peu l’ami de l’Ouest. La Syrie s’est ouverte sur le plan économique au néolibéralisme qui entraîna de nombreuses privatisations que Bashar el-Assad continua après la mort de son père en 2000.
Le mouvement pour la liberté en Syrie se trouve obligé de combattre sur plusieurs fronts. En priorité, il doit lutter contre son propre Etat et pour la chute du régime.
En même temps le combat doit viser aussi toute influence et agression de l’impérialisme occidental, russe et chinois. Ce combat vise aussi l’augmentation du danger de guerre qui touche toute la région. Cela n’est possible que si le mouvement se donne une forte direction révolutionnaire et que la résistance se développe dans un combat anti-impérialiste ayant pour objectif l’instauration d’un ordre anti-impérialiste de démocratie nouvelle ouvrant la voie au socialisme.
Pour cela le mouvement pour la liberté et la démocratie a besoin de solidarité et de collaboration avec le mouvement ouvrier international marxiste-léniniste et révolutionnaire. Dans cette perspective, l’ICOR est précisément aussi dans cette région d’une importance décisive.

Notre totale solidarité est acquise à la rébellion légitime du peuple syrien !
Les agresseurs impérialistes n’ont rien à faire en Syrie !
Vive le combat anti-impérialiste de la classe ouvrière et des peuples !

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