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Vive la lutte du peuple palestinien !

Partisan n°159 - Septembre 2001

Si l’on devait s’en tenir à la représentation déformée qu’en donnent les médias, on pourrait croire que la guerre entre l’État d’Israël et les Palestiniens est une guerre de religion que se livreraient les trois monothéismes pour le contrôle de la ville sainte de Jérusalem. On devrait aussi croire que la justesse des revendications est déterminée par les dernières images d’horreur qu’on nous montre. Vu par la télévision, le "conflit israélo-palestinien" ressemble à un grand film hollywoodien, riche en rebondissements et en effets spéciaux. Mais il ne suffit pas de s’émouvoir de ces nombreuses morts, il faut aussi comprendre. Pour cela, essayons modestement de revenir sur certains mots qu’il faudrait cesser de tordre et d’utiliser dans tous les sens. Les mots sont importants !

Arabe : Peuple originaire d’Arabie dont l’établissement s’est étendu, avec l’Islam, à tout le sud de la Méditerranée et au Proche-Orient.

 


Musulman : Pratiquant d’une religion : l’Islam. Ne pas oublier que tous ses pratiquants ne sont pas des intégristes ! Ni que tous ne sont pas arabes. Par exemple, la Turquie est un pays non-arabe, majoritairement musulman, qui soutient Israël et où les intégristes sont nombreux.

 


Palestinien : Dans le journal du Fatah (organisation révolutionnaire palestinienne), en 1970, on pouvait lire : "Tous les juifs, musulmans et chrétiens vivant en Palestine ou exilés de ce pays par la force auront droit à la citoyenneté palestinienne. Ce principe garantit le droit à tous les Palestiniens exilés de retourner dans leur patrie, qu’ils soient nés en Palestine ou en exil et quelle que soit leur présente nationalité. Cela signifie également que tous les juifs palestiniens – actuellement israéliens – ont les mêmes droits, à condition naturellement qu’ils rejettent le chauvinisme sioniste et raciste et qu’ils acceptent pleinement de vivre comme des Palestiniens dans la nouvelle Palestine."

 


Sioniste : Un sioniste est un partisan d’un État juif en Palestine ; cet État est devenu une réalité : l’État d’Israël. À l’origine, le sionisme est une idéologie née en Europe au XIXème siècle. Certains juifs pensaient pouvoir fuir les persécutions qu’ils subissaient en fondant en Palestine un État qui leur serait exclusivement destiné. "Une terre sans peuple pour un peuple pour un peuple sans terre" résumait l’auteur Yiddish (langue profane longtemps pratiquée par les juifs d’Europe centrale) Israël Zangwill. Cette formule dit assez bien que les sionistes avaient l’illusion de trouver en Palestine une terre inhabitée. En fait, chez certains, c’est déjà l’idéologie coloniale, dominante en Europe à l’époque, qui animait le désir de s’installer en Palestine. Théodore Hertzl, un des premiers théoriciens du sionisme en Allemagne, pouvait écrire : "Avec les juifs, c’est un élément culturel allemand qui arrivera en Orient." Inutile de préciser que dans son esprit, cet élément culturel était évidemment bien plus hautement développé : les sionistes, en bons colons, s’attribuaient donc une mission civilisatrice.

 


Juif : Sont juifs, d’une part, ceux qui pratiquent la religion juive, partout dans le monde et pas seulement en Israël. La pratique de cette religion ne suppose pas du tout d’adhérer au sionisme, d’ailleurs les plus hostiles à la fondation d’Israël en 1948 étaient les juifs "orthodoxes". D’autre part, il existe des juifs laïcs, non-croyants et/ou non-pratiquants, mais issus de familles juives et imprégnés de culture juive. Il existe en effet une longue tradition de culture juive laïque, en particulier depuis la Haskalah (" Les Lumières ") au XVIIIème siècle. Parmi ces Juifs laïcs, certains sont sionistes et d’autres pas. En tout état de cause, le principe qui consiste à confondre juif et sioniste est rigoureusement faux et ne sert que les intérêts de l’État d’Israël, trop content de pouvoir accuser les anti-sionistes d’être anti-juifs (et antisémites !), trop content de pouvoir prétendre que tous les juifs se doivent de soutenir "leur" État.

 


État d’Israël : État raciste (qui prend des mesures politiques pour réduire son peuplement arabe et palestinien), théocratique (il se revendique comme un "État juif"), sioniste, impérialiste (Israël veut garantir son influence et sa domination politique, économique et militaire dans la région), expansionniste (Israël cherche à étendre son territoire au détriment de celui, minuscule, qu’il a concédé aux palestiniens) et colonialiste.
En période de guerre, la colonisation israélienne s’exprime par un expansionnisme militaire, l’annexion de territoires. En période de paix, l’État d’Israël soutient et organise une politique de colonisation de peuplement, en encourageant des citoyens israéliens à s’installer dans les territoires palestiniens.

 


Colons : Les colons sont entraînés militairement par Tsahal, l’armée de l’État d’Israël (un an de préparation militaire en plus du service obligatoire qui dure deux ans). Les colons ne sont donc pas de simples "civils" mais des expansionnistes d’extrême droite armés, des milices paramilitaires d’occupation : des colonisateurs !

 


État Palestinien : Le mouvement palestinien, depuis la fondation d’Israël en 1948, est partagé entre deux conceptions.
1°) Celle qui domine actuellement consiste à réclamer un État Palestinien à côté
d’Israël ; c’est-à-dire à entériner le partage de la Palestine de 1947. Parmi ceux qui portent cette revendication, il y a de nombreuses nuances sur les frontières, les moyens politiques et militaires de se faire entendre et sur la nature (religieuse ou laïque) de l’État à construire.
2°) Aujourd’hui peu représenté, un courant a été fort dans les années 70 qui luttait pour un seul État, regroupant les territoires d’Israël et de Palestine. Un courant raciste le concevait comme excluant les juifs ("les juifs à la mer !"). Tandis qu’un autre courant luttait pour un État Palestinien unique, libre, laïque, démocratique et multiculturel (avec, par exemple, l’Arabe et l’Hébreu pour langues officielles) ; c’est cette conception que nous soutenons.
Les revendications immédiates du retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers d’origine et du démantèlement des colonies vont dans ce sens.

 

Max Masharahoui