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Retour sur le résultat des élections européennes

Partisan N°276 - été 2014

La très forte abstention montre que l’intérêt pour ces élections n’a pas augmenté depuis 2009.
Encore une fois, on peut s’interroger sur la légitimité d’un tel scrutin. La progression du FN est incontestable. Ses 25% des suffrages exprimés ne font que 11% des inscrits sur les listes électorales, mais il passe de 1 à 5 millions de voix entre 2009 et 2014.

Le PS et l’UMP sclérosés

L’UMP et le PS courent à l’abîme, et ne semblent même pas s’en rendre compte tellement leur dégénérescence est avancée. Au soir de l’élection, sur les plateaux télé, ils étaient incapables de sortir de leur discours stéréotypés et de produire autre chose que le verre d’eau tiède qu’ils nous servent en guise d’analyse post-électorale. Il est probable que le PS continue de sombrer, et que l’UMP finisse par être en partie absorbée par le FN comme le souhaite ouvertement Marine Le Pen. Elle combat le « système », mais ne serait pas contre en récupérer quelques morceaux à son profit ! Mélenchon semble plus conscient de la situation, moins à se voiler la face : mais en guise de réponse politique, il oscille entre assumer des idées progressistes ou au contraire caresser dans le sens du poil des points de vue réactionnaires, comme sur l’immigration.

Valls à l’offensive

Du côté du gouvernement, rien ne change. Hollande est avant tout un homme de gestion d’appareils politiques et de manœuvres en coulisses  : il est incapable de même feindre un changement de direction, comme l’a montré sa plate intervention télévisée le lendemain des élections. C’est Manuel Valls qui se charge du boulot, celui de tenter de rattraper ceux qui filent vers la droite. Traditionnellement, sous la Ve République, le Chef de l’État est le chef absolu ; mais à l’heure actuelle, c’est Valls qui a la main, du fait de l’incapacité tactique de Hollande.

Désaffection pour la politique bourgeoise

La désaffection populaire pour la démocratie bourgeoise se confirme. Il ne s’agit bien sûr pas d’un rejet révolutionnaire : nous en sommes à l’étape de la résignation et du rejet confus. Les déçus sont avant tout abstentionnistes. Dans la classe ouvrière, les instituts de sondage estiment qu’on compte entre 60 et 70% d’abstentionnistes ; auquel il faut rajouter les non-inscrits sur les listes électorales (plus nombreux chez les prolétaires qu’ailleurs) et bien sûr les étrangers qui n’ont pas le droit de vote. A la louche, on peut dire que 80% des prolétaires n’ont pas voté. Mais il est vrai que parmi ceux qui l’ont fait, presque un sur deux a soutenu le FN. Par ailleurs, une partie des abstentionnistes doit être sympathisante du FN ou de ses idées réactionnaires.

Combattons les idées réactionnaires !

La montée du FN montre que ce rejet renforce surtout les idées réactionnaires, et pas les idées progressistes. De ce point de vue, la stagnation du Front de gauche, du NPA, de LO, est inquiétante, même si nous n’avons pas voté pour eux : la révolte populaire tire nettement plus vers la droite que vers la gauche. Il ne faut pas nous voiler la face : dans une société dominée par la bourgeoisie, les idées réactionnaires dominent spontanément, même parmi la classe ouvrière. Seul un mouvement politique organisé progressiste et révolutionnaire peut renverser la vapeur. Les illusions spontanéistes doivent mourir !

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